Rien d'étonnant à ce qu'un site comme Saint-Zacharie, en bordure de l'Huveaune, à proximité de reliefs forestiers, présente plusieurs stations de peuplement préhistorique. L'hospitalité des lieux amène plus tard l'implantation de plusieurs villæ romaines, c'est à dire de domaines ruraux vivant en quasi autarcie, composés de locaux d’habitation, parfois luxueux, de communs (granges, écuries, remises...), et souvent d'ateliers d'artisans. L'une d'elle renfermait une stèle portant une inscription dédiée aux « MATRIBUS UBELKABUS », divinités liées au culte des eaux de l'Huveaune, appelée Ubelka à cette époque.
Le haut-moyen âge est une période bien obscure, comme dans toute la région. Invasions, pillages, destructions, épidémies se succèdent. On attribue aux Sarrasins, retranchés entre deux raids dans leur repaire du golfe de Saint-Tropez, la destruction d'une première église. Celle-ci est reconstruite et consacrée en 1033 par l'évêque de Marseille. Elle subira plusieurs remaniements au cours des siècles suivants.
Au XVe siècle, les hameaux d'Orgnon (dont il ne reste aujourd'hui qu'une chapelle sur la route du Plan-d'Aups), La Canorgue (quartiers de La Bernarde ?) et Rastoin, à l'emplacement du village actuel, fusionnent pour devenir Saint-Zacharie. C’est sous ce vocable qu’a été christianisé vers l'an mille le lieu dit auparavant Segalaria, c'est-à-dire un endroit où l'on cultivait le seigle.
Le terroir du village reste en fait sous la juridiction des seigneurs d'Auriol, qui ne sont autres que les abbés de Saint-Victor de Marseille. Il passera plus tard dans la viguerie de Saint-Maximin, ce qui explique qu'aujourd'hui Saint-Zacharie soit dans le Var.
Tuiles et briques étaient déjà fabriquées dans la localité. Mais la tradition d’une céramique de qualité ne démarre qu'avec la venue, au XVIIe siècle, d'un potier venu de Moustiers. La qualité de l'argile locale permet l’essor d’une intense activité : tandis que les poteries sont exportées outre-mer via le port de Marseille, les plinthes, carreaux et tomettes s’écoulent dans toutes la région. À ces ressources s’ajoute la production agricole du terroir, qui, outre le blé et le vin, produit fourrage et maraîchage grâce à l’irrigation. S’y ajoute la récolte de la « pégue », autrement dit la poix à base de résine, sévèrement réglementée par la commune dans la forêt du Défens.
Si l'industrie de la céramique poursuit son développement au XVIIIe siècle, nous n'avons pas de renseignement sur les événements de la période révolutionnaire. On sait seulement qu'un maire particulièrement dynamique, Paul Gaimard, fut assassiné lors des troubles précédant le Consulat.
Un quasi homonyme natif de la commune, Joseph-Paul Gaimard, se distingue comme naturaliste et voyageur au début du XIXe siècle. Plus connu en revanche, Gaston de Saporta, dont une rue d'Aix porte le nom, fut un des premiers paléo-botanistes. Il est à l’origine, avec son père, du parc du Moulin-Blanc. Scientifique de stature internationale, il correspondit avec Darwin, et ses recherches contribuèrent peut-être à mettre le savant anglais sur la piste de sa fameuse théorie.
Vers la fin du siècle, comme partout, les tensions sociales s’exacerbent. Le « cercle républicain » du 21 septembre, décoré de céramiques locales, est ouvert en 1882. Les ouvriers-paysans de la commune s’y regroupent, tandis que le « cercle blanc », aujourd’hui disparu, rassemble les tenants de l’ordre établi, voire les nostalgiques de la monarchie. En août 1936, des incidents éclatent entre des sympathisants du Front Populaire et le maire de la commune, M. Mailloux, proche du Parti Populaire Français. Des hommes de main marseillais venus au secours de celui-ci ouvrent le feu ; on relèvera quatre blessés.
On voit que l'histoire du village telle qu'on peut la consulter dans les écrits des « érudits locaux » comporte de nombreuses lacunes. Quels étaient les rapports entre la communauté villageoise et les seigneurs d'Auriol ? Que s'est-il passé pendant les guerres de religion ? La « terreur blanche » de la fin du premier Empire, qui ensanglanta le haut Var, a-t-elle débordé jusqu'ici ? Le village a-t-il été concerné par l'insurrection provençale contre le coup d'état de Louis-Napoléon Bonaparte ? Quid de la Résistance ?
Sur toutes ces questions, des études restent à faire, et nous proposons à celles et ceux que l'histoire et le patrimoine intéressent d'y travailler avec nous.
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